Geekstories : Les brûlures

Scénariste prolifique et d’une rare constance dans la qualité de ses travaux, Zidrou a déjà eu les honneurs d’un Geekstories. Le revoilà avec une nouvelle bande dessinée intitulée Les brûlures, illustrée par Laurent Bonneau.

Assane Ndiaye est inspecteur de police. Il enquête sur une série de meurtres de prostitués dans une station balnéaire, en compagnie de son équipier, un type qui ne fait pas dans la finesse. En parallèle, il fréquente une piscine où il va faire la connaissance d’une jeune femme plutôt mystérieuse et froide qui enchaîne les longueurs au petit matin.

Comme à son habitude, Zidrou choisit un angle particulier pour raconter son histoire. Contrairement à ce que le pitch pourrait laisser croire, Les brûlures n’est en aucun cas un polar avec un enquête haletante. Le scénariste va s’intéresser, le temps de quelques jours, à la vie de l’inspecteur Ndiaye – surnommé Nutella, je vous laisse découvrir pourquoi -, à décrire ses blessures, ses fêlures, ses espoirs. A travers lui et les relations qu’il va nouer avec d’autres personnages, Zidrou décrit un monde sombre et dur mais où l’espoir demeure toutefois.

 

L’histoire se déroule sur deux plans : l’enquête sordide d’une part, et la relation qui se noue entre Ndiaye et la nageuse d’autre part, dans une construction déstructurée qui donne un charme total au récit. Lors de l’enquête, c’est d’abord l’horreur des scènes de meurtres qui marque, faisant jaillir la cruauté de l’espèce humaine. Les dialogues de Ndiaye avec son équipier ensuite, qui viennent contre-balancer ces atrocités, dans des tirades parfois grotesques et exagérées, toujours formidablement écrites. 

La découverte amoureuse de Ndiaye et sa nageuse se fait par petites touches, maladroites puis attendrissantes pour finir par un retournement de situation, qui rejoint en quelque sorte l’enquête. Zidrou écrit quelques scènes touchantes entre les deux personnages. Mais il sait, comme à son habitude, glisser quelques piques humoristiques. 

Tout cela est bien désespéré mais l’espoir est symbolisé par cette mamie qui tente de vaincre sa peur de l’eau.

Zidrou sait toujours s’associer à des dessinateurs au style original. Les brûlures ne déroge pas à la règle. Laurent Bonneau transmet à merveille les idées que Zidrou souhaite amener au lecteur grâce à ses peintures sublimes et aux styles variés. Des scènes de la piscine avec ses teintes bleutés et ses mosaïques aux scènes d’enquête teintés d’un jaune à la chaleur lourde, en passant par les scènes intimes aux couleurs sombres, les planches de Laurent Bonneau impactent le lecteur durablement. L’aspect brut des dessins donne une force indéniable à l’histoire. Les brûlures témoigne une nouvelle que la bande dessinée est un art !

Les brûlures démontre, une nouvelle fois, tout le talent de Zidrou pour offrir des histoires hors du commun qui parlent des tourments de l’âme humaine. Laurent Bonneau illustre merveilleusement ce nouveau bijou.