Véritable chef d’oeuvre de la bande dessinée, Grandville de Bryan Talbot poursuit sa réédition chez Delirium avec un troisième volume intitulé Bête Noire qui confirme tout le bien que l’on pense de cette série.
Ambiance steampunk trempée dans la culture française sur fond de John Barry
Dès les premières planches, l’auteur replonge ses lecteurs dans cette ambiance steampunk si caractéristique et si réjouissante. Mais l’univers de ce volume se teinte plus que jamais de l’amour de Bryan Talbot pour la culture française. Le scénariste place sa nouvelle enquête dans le milieu artistique de Grandville, ce qui lui permet de faire fourmiller ses planches de références et clins d’oeil à l’art français au sens large. Tableaux de maitres détournés, références littéraires, uchronies à foison, noms de personnages en forme d’hommage, caméos de héros de BD…Les commentaires de Bryan Talbot en fin de volume sont, une nouvelle fois, une mine d’informations à ce sujet !
Si le premier volume se voulait inspirer de Quentin Tarentino et le second d’Alfred Hitchcock, Bête Noire est clairement un hommage à la saga tirée des romans de Ian Flemming : James Bond. Dès la première séquence présentant le Baron Aristote Crapaud, difficile de ne pas imaginer Ernst Stavro Blofeld installé dans son imposant fauteuil et caressant son chat, entouré de machines improbables. Premier clin d’oeil d’une innombrable liste dont se délecte l’amoureux de la saga, jusqu’à une scène finale dans un laboratoire où tout explose, en guise de feu d’artifice !
Lutte pour le pouvoir et amours impossibles
Bryan Talbot développe son intrigue autour du thème du pouvoir et de la communication avec cette aristocratie dominante qui méprise le peuple et souhaite s’emparer définitivement du pouvoir en se livrant à une virulente propagande tout en fomentant un coup d’état. Le scénario de Bryan Talbot se fait aussi intelligent et pertinent qu’haletant et maitrisé. Le scénariste développe également la relation entre Lebrock et Billie, la prostituée dont il est amoureux en un habile jeu de jeu de chassés croisés qui étoffe le background de la série et offre un plaisir supplémentaire au lecteur fidèle.
Graphiquement étourdissant
Bryan Talbot livre toujours un prestation graphique épatante et étourdissante tant la richesse que l’on y trouve subjugue. Aussi bien dans les lieux, les designs, les technologies que dans le rythme de narration d’une grande fluidité, l’artiste offre un récital incroyable. Son travail sur les couleurs est également éblouissant par les ambiances qu’il impose. Splendide !
Nouveau volume de Grandville et nouveau chef d’œuvre ! Quel régal !