Crimson Omnibus – L’odyssée d’Alex Elder (VF – Glénat Comics)

 

 

 

 

 

Glénat nous a gâté, ou en tout cas : Glénat m’a gâté ! Quel plaisir de pouvoir mettre la main sur cet Omnibus Crimson. Plaisir d’autant plus grand que je ne m’attendais pas du tout à ce que cette série soit rééditée un jour. Pour la petite info le premier numéro de cette série a été édité pour la première fois en 1998 lors de création du label Cliffhanger (Wildstorm Comics) lancé par trois jeunes dessinateurs (à l’époque) : Joe Madureira, J. Scott Campbell et Humberto Ramos. Chaque dessinateur avait sa propre série (dans l’ordre : Battle Chasers, Danger Girls et Crimson). Ce sont ces titres qui m’ont introduit au monde du comics, ils s’agit donc pour moi d’une lecture particulière.

C’est pourquoi, et exceptionnellement, je vous propose une review en deux temps : une review en mode fanboy et une review objective.

Le Fanboy

Nous suivons Alex Elder, jeune homme transformé en vampire et destiné à devenir l’élu, celui qui rééquilibrera les forces entre le bien et le mal. Au travers d’Alex nous allons faire la connaissance d’autres personnages assez hauts en couleurs dont notamment Joe et Scarlet X (qui figurent sur la couverture de l’édition collector). Avec ce comics, Brian Augustyn s’inscrit dans un genre qui a fortement marqué la fin des années 90, à savoir la fantasy urbaine. On pense ainsi aux deux séries télévisées que furent Charmed et Buffy Contre les Vampires, où là aussi des créatures légendaires/mythologiques faisaient leur apparitions dans nos villes. En plus de nous proposer des personnages marquants, Brian Augustyn parvient à développer quelques bonnes idées et à rendre son univers cohérent. Le scénariste maitrise bien l’art du cliffangher, et la référence aux séries télévisées n’est pas anodine puisque nous avons, également avec ce comics, un aspect feuilletonnant nous donnant toujours envie d’en savoir plus.

L’autre force du comics ce sont, bien entendu, les dessins. On y découvre un Humberto Ramos à ses débuts avec un trait déjà plein de promesses. Si les personnages principaux que sont Alex, Joe et Scarlet X nous font autant fortes impressions c’est en grande partie grâce au travail réalisé par Humberto Ramos sur le design de ces personnages. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’à une époque où la diversité dans les comics n’était pas forcément recherchée, nous avons parmi nos trois personnages un indien mexicain (sans doute en raison de la nationalité de Ramos, certes) et une femme (très dévêtue, certes). Le trait du dessin est un mélange de comics/manga avec beaucoup d’arrondis propre aux dessins de Ramos de l’époque. Il est toujours intéressant, je trouve, de pouvoir lire des œuvres de jeunesses de nos auteurs star du moment et de voir le chemin parcouru.

Le trentenaire objectif

Comme souvent avec les œuvres de jeunesse, tout ne vieillit pas très bien. Si le scénario reste intéressant, la plupart des dialogues ont pris un sacré coup de vieux… Il n’est pas rare d’avoir des pages qui, d’un point de vu scénario et dessin sont très bien réalisées, mais dont les dialogues plombent la lecture avec une écriture bien trop simpliste. On sent que les dialogues ne sont pas une des forces de Brian Augustyn et cela peut avoir pour conséquence de nous faire sortir de l’histoire. Le scénario n’a pas si mal vieillit et, alors qu’il n’avait rien de très original pour l’époque, sa réédition lui permet de proposer une urban fantasy que nous avons moins l’habitude de voir dans nos rayons ces derniers temps.

Côté dessin, force est de constater que le travail de Ramos est loin d’être consistant. Ainsi un même personnage peut voir son visage changer d’une case à une autre (il m’est arrivé une fois de me demander s’il s’agissait d’un nouveau personnage…). Le côté manga du trait est pour moi parfois un peu malheureux : quand les seconds couteaux sont souvent dessinés avec des yeux « normaux », Axel et Scarlet X ont parfois des yeux complètement disproportionnés (façon manga). Je pense que la gêne vient surtout de l’alternance entre œil « normal » et œil « manga ».

Enfin, et il ne s’agit pas forcément d’un avis négatif mais plutôt d’un constat, nous avons droit à une Scarlet X ultra sexualisée : poitrine (très) volumineuse et costume consistant à en dévoiler le plus possible. Elle incarne à elle seule tous les clichés des nouvelles super-héroïnes créées dans les années 90 : Sara Pezzini (Witchblade), Caitlin Fairchild (Gen13), Aspen Matthews (Aspen) ou encore Red Monika (Battle Chasers). Il serait aujourd’hui impossible d’avoir ce genre de design de personnage féminin dans un comics mainstream, le plus souvent à la faveur de personnages féminins mieux écrits, ce qui est tant mieux. Pour autant, ce côté érotique est un des charmes du comics.

S’agissant de l’édition, pas grand-chose à retenir côté contenu : il s’agit ni plus ni moins d’une compilation de l’ensemble des 24 comics parus. A noté néanmoins deux pages de croquis de recherches sur les personnages. Le gros plus se trouve en fait sur la couverture : que ce soit l’édition collector ou l’édition classique il s’agit de couvertures originales proposées par Humberto Ramos. Si l’édition collector limitée à 250 exemplaires d’OriginalComics rend l’édition rare, la couverture proposée dans l’édition classique est bien plus intéressante puisqu’un seul dessin recouvre la première de couverture, le dos et la quatrième de couverture du comics pour former un portrait de groupe représentant les différents personnages du comics. Ces couvertures illustrent à la perfection l’évolution du dessin de Ramos.

Crimson n’est clairement pas destiné à tout le monde (de par son budget notamment) et Glénat ne s’y est pas trompé puisque cet Omnibus est à tirage unique. Les plus intéressés seront les fans de la première heure ainsi que les collectionneurs amoureux du travail d’Humberto Ramos. Pour autant il s’agit d’une très bonne série mainstream et feuilletonnante. Ainsi, et pour peu que vous soyez sensible à la fantaisie urbaine et à la recherche d’une lecture facile, ce comics saura parfaitement répondre à vos attentes et vous assurer de nombreuses heures de lectures !

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