Cette dystopie soviétique est le point culminant de Divinity. Les trois mini-séries sont imprégnées de l’imaginaire communiste russe qui se concrétise ici dans une réalité alternative modelée par le dernier cosmonaute, Kazmir. Mais l’idéologie est ici poussée à son paroxysme, ce troisième et dernier volume télescope l’ensemble de l’univers Valiant dans une réalité rouge, où toute notre histoire moderne est labourée façon marteau faucille, les héros sont ré-écrits pour l’occasion, un Valiant « Red Son ». Evidemment, cette vérité est un simulacre. Seuls quelques-uns, dont Ninjak, ne sont pas dupes et tentent alors de dévoiler la supercherie historique.
Malheureusement, après deux excellents volumes, ce troisième peine à convaincre. Les tenants et aboutissants de cette conclusion seront finalement identiques à ceux du second opus. Il faudra alors attendre le retour d’Abram et un affrontement plus conceptuel que physique avec Kazmir, vous reconnaîtrez un cheminement identique avec le cas Myshka. La redondance entre les deux volumes exclut une éventuelle surprise, Kazmir est relégué au rang d’objet surpuissant, un simple instrument dans les mains des hommes. Ce message sur l’avidité des Grands de notre monde n’est pas inintéressant, mais le vilain n’en sort pas grandi. De même que le ressort scénaristique du héros qui se souvient de l’avant et du vrai, sans aucune explication. Un deus ex machina introductif, obligatoire, mais éculé. Comme cette conclusion, un retour à la normale, puisque cette sanglante réalité s’évapore forcément. A l’égal de Secret Wars récemment chez Marvel, la gestion de ce genre d’anomalie est forcément boiteuse, d’autant qu’une partie de l’héritage de cet univers coco semble s’inviter dans le Valiant courant. La suite devra apporter des réponses à ce sujet.
L’univers dystopique glaçant offre une réinvention des figures Valiant sous les couleurs soviétiques. Comme sur d’autres de leurs mini-séries « concept » (Book of Death, 4001 AD), l’éditeur accole des numéros one shots avec une version adaptée des personnages. L’URSS moderne regroupe donc Bloodshot Rasputine (au design génial), XO en sentinelle rouge, Shadowman en résistant américain contraint d’adhérer au rêve communiste ou encore Archer and Arsmtrong dans un numéro sans effet. D’autant que cette conclusion est plutôt très agréable pour les yeux. Hairsine est toujours assez désarticulé, mais aussi impressionnant dans ses cadrages limpides (les bonus offrent un redécouverte jouissive de son travail). De nouveau, le combat final joue encore avec les possibilités des personnages, l’artiste s’en donne à cœur joie. Mais les différents numéros ne sont pas à négliger non plus, la meilleure vodka des artistes Valiant collabore dessus. Clayton Crain, Cafu, Gill et d’autres, les styles sont multiples, les ambiances soviétiques dictatoriales violentes et immersives.
La conclusion était attendue, mais ne sera pas surprenante, la faute à une redite évidente avec le tome 2. L’intérêt est plutôt à chercher du côté de l’univers installé, pas forcément original, mais terriblement glaçant. Les grands héros Valiant sont repensés pour l’occasion dans des versions globalement réussies. Le retour « à la normal » est cependant facile et laisse de nombreuses questions en suspens. Divinity reste une trilogie ambitieuse, l’une des étoiles de l’éditeur, forcément à lire.
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