RIP – Tomes 1 à 4 (VF-Petit à petit)

RIP - Tomes 1 à 4
Scénario
Gaet's
Dessins et couleurs
Julien Monier
Editeur
Petit à petit

Il est des séries que l’on découvre alors qu’elles sont déjà bien avancées et la question de se lancer se pose. Mais avec RIP, la réponse est évidente dès la lecture des premières pages du premiers tome. L’addiction est totale ! Mais n’allons pas trop vite en besogne et reprenons les choses par le commencement !

RIP est une série prévue en 6 tomes dont 4 sont déjà sortis aux éditions Petit à petit, scénarisée par Gaet’s et dessinée par Julien Monier.

Derrick, Maurice, Albert, Eugène sont des Nettoyeurs. A l’exception des corps, généreusement laissés aux Pompes Funèbres, ils dépouillent des scènes morbides de tout ce qui a de la valeur. Rencardés par des dégoteurs, surveillés de prêt par des costards mal embouchés, ces fossoyeurs furtifs remettent leur camelote à leurs boss qui s’occupent de la refourguer, après inventaire réalisé par le taiseux Dédé. Mais chacun joue plus ou moins pour lui-même et lors d’un coup, l’un d’entre eux se serre dans le pactole. Pas prévu et pas apprécié par la « direction ».

RIP #4

En plus d’une écriture au cordeau, RIP est une série à la construction diabolique. Chaque tome est à la fois une pièce supplémentaire du redoutable puzzle global qui se met en place petit à petit et un portrait fascinant d’un des Nettoyeurs – ou d’un personnage ayant pris une importance particulière au fil du récit.

La force de l’intrigue globale est qu’elle se façonne par couche et par ajout de nouvelles révélations. Un fait ou un personnage qui s’avérait secondaire jusqu’alors devient essentiel et trouve une place de premier choix dans la suite, ce qui amène le lecteur à être systématiquement surpris. On pense, par exemple, à une scène banale de nettoyage dans un tome qui devient le centre de l’intrigue par la suite ou un personnage plutôt secondaire qui se retrouve à avoir les honneurs de se voir dédier un tome !

L’univers de RIP pue la mort et la pourriture. Gaet’s développe une fascination pour les insectes nécrophages qui deviennent rapidement des personnages à part entière et offrent à l’histoire une évolution originale et inattendue. Les personnages font preuve d’une violence sans retenue et de perversions sans bornes. Peu d’entre eux seraient recommandés pour venir en aide à leur prochain.

RIP #3

Le récit possède un ton sombre et glauque dominé par les obsessions et les traumatismes de chacun. Et si les protagonistes cherchent à échapper à leur condition et leur passé trouble, c’est souvent pour s’enfoncer et mal finir. En guise d’équilibre, Gaet’s introduit un humour décalé qui offre une certaine respiration tout en renforçant l’aspect sordide des situations. L’auteur propose également des citations de livres, films, …, sorte d’interludes illustrant les séquences en cours.

Chaque tome développe l’histoire d’un personnage. De Derrick à Albert pour ces 4 premiers tomes, le scénariste dresse des portraits précis et denses qui se suivent avec addiction. Chaque individu narre son propre parcours, ce qui conduit Gaet’s à adapter le ton de chaque volume à la personnalité de chacun. Avec une grande réussite. Du désabusé Derrick au perturbant Albert, en passant par le trouble Maurice et l’obstiné Ahmed, les chemins se font étourdissants et brassent de nombreux thèmes. Racisme, violence sexuelle, amours déçus, corruption policière, vacuité médiatique, difficulté à s’affranchir de son passé sont quelques-uns des sillons que creuse Gaet’s avec pertinence et force.

RIP #1

Difficile d’imaginer RIP dessiné d’une façon différente tant l’art de Julien Monier transcende le récit de Gaet’s. Son trait sec et vif est parfait pour croquer ces gueules. Ses appartements miteux, ses maisons quasi à l’abandon, son bistrot gris bénéficient de décors riches et idéaux. Ses cadavres sont repoussants à souhait quand son trait sait se faire ironique lorsque le récit l’exige. Les couleurs, dans des tons mates, apportent un aspect irréel qui renforcent l’inquiétude et l’ambiance lugubre. La mise en page de l’artiste soutient avec aisance le rythme du récit, permettant une lecture des plus fluides. Entre thriller et étrange, une partie graphique impeccable !

Difficile d’imaginer ce que les auteurs nous réservent pour les deux derniers tomes prévus pour les deux années à venir. On sait juste qu’on sera devant la porte de notre libraire préféré le jour de leurs sorties à piaffer d’impatience !

RIP #3

RIP est un incroyable coup de cœur ! Autant thriller puzzle que croqueurs de gueules, la série est un bijou d’écriture qu’il est impossible de stopper une fois embarqué dans la lecture ! Violent, glauque, addictif, RIP est indispensable !