Matt Kindt multiplie les mini-séries, très souvent avec grand succès. C’est à nouveau le cas avec Fear Case, thriller vénéneux. L’auteur s’associe au duo Tyler & Hilary Jenkins avec lequel il a déjà collaboré sur les excellents Grass Kings et Black Badge.
Winters et Mitchum sont deux flics qui se voient chargés d’une affaire très particulière. Une affaire qui rend fous ceux qui s’y attellent. C’est d’ailleurs pour cette raison que le temps octroyé à ceux qui en sont chargé est limité. Mais le duo va se laisser embarquer dans cette ténébreuse affaire.
Matt Kindt propose un thriller à la trame particulièrement addictive, aux allures de chasse, non pas à l’homme, mais à la valise maléfique. Le scénariste démontre beaucoup de savoir-faire et de malice pour semer dans l’esprit de Winters et Mitchum ainsi que celui du lecteur une multitude de questions quant au pouvoir de cette valise et au motif de son existence.
Le duo de personnages principaux marque par la relation qui les lie, faite à la fois d’une complicité forte mais aussi d’une forme d’opposition que le caractère tentateur de l’affaire va exacerber. Jusqu’à ce que l’un des deux soit amené à se bruler les ailes.
Fear Case possède un rythme incroyable, accrochant le lecteur à l’ouverture du numéro #1 pour ne le libérer qu’à la fin du #4, presque déçu de ne pas en avoir davantage.
Matt Kindt choisit finalement de donner à son récit une dimension plus universelle en l’inscrivant dans une filiation historique du mal à travers les époques par le biais du pouvoir que possède la valise. Et pose quelques clins d’œil aux fidèles lecteurs de ses précédentes séries.
En s’appuyant sur la puissante partie graphique de Tyler et Hilary Jenkins, Matt Kindt propose quelques scènes bien sanglantes, lorgnant vers l’horrifique. Si, comme souvent, le trait du dessinateur demande un temps d’adaptation et n’emportera pas l’adhésion de tous les lecteurs, il apprivoise parfaitement l’ambiance de Fear Case. Bénéficiant des sublimes couleurs d’Hilary Jenkins, suspens, torpeur, tension se mêlent idéalement. Tyler Jenkins travaille la mise en page avec succès et se montre à l’aise dans ce genre polar.
Le cadre de la série, entre urbanité aride, étendue désertique et défiante solitude, transpire également des planches des artistes. Le lecteur palpe la chaleur moite des nuits étoilées. Une partie graphique, marquante, une nouvelle fois.
On notera également les couvertures enivrantes de Tyler Jenkins !
Fear Case est un thriller vénéneux qui s’insinue dans les veines du lecteur, happé par l’ambiance moite et nerveuse de ce récit qui bénéficie d’une partie graphique hors norme.