La déchéance d’un homme – Tomes 1 & 2 (VF-Delcourt)

La déchéance d'une homme - Tomes 1 & 2
Scénario
Junji Itô d'après Osamu Dazai
Dessin
Junji Itô
Editeur
Delcourt Tonkam

La majorité des dessinateurs de comics le cite comme une influence. Il est l’un des maitres modernes d’un genre pourtant bien spécifique : l’horreur. Junji Itô capte une sorte d’unanimité à propos de son style et de ses œuvres.

Dans la foulée des rééditions de deux de ses œuvres dans un superbe format intégrale, le chef d’œuvre Spirale et Gyo, et en parallèle d’une belle remise en valeur par le nouveau venu Mangetsu, Delcourt s’est emparé d’une de ses dernières créations : La déchéance d’un homme, adapté du roman éponyme de Osamu Dazai, auteur japonais de la première moitié du XXème siècle.

Semi-autobiographique, le récit d’Osamu Dazai, réalisé en trois tomes par Junji Itô, conte la destin de Yôzô, issue d’une riche famille du nord du Japon qui, après avoir abandonné ses études, part dans des ateliers pour devenir peintre. Mais il s’intéresse davantage au saké et aux filles, ce qui le conduit vers une déchéance progressive, que son caractère dépressif et faible accentue.

Le récit d’Osamu Dazai est tout à fait dans l’esprit des œuvres personnelles de Jinji Itô où l’auteur mêle sentiments et impressions contradictoires. Souffrance des uns pour le plaisir des autres, perversion des actes et des âmes, labyrinthe psychologique à la frontière du bien et du mal : décortiquer la nature humaine, tel est l’objectif de l’auteur.

A travers le destin de Yôzô, rejeté très jeune par sa famille, puis errant dans un monde peuplé de vils individus, au comportement souvent ambigu, Itô traite des chemins qui mènent à la déchéance. Séduisant les femmes, qui s’en remettent à lui malgré son comportement malsain, s’abandonnant à l’alcool, ne parvenant jamais à devenir l’artiste qu’il ambitionne de devenir, Yôzô sombre irrémédiablement.

Malgré des passages parfois verbeux et un peu longuets, le récit est dense et particulièrement bien mis en scène par Junji Itô. Son trait précis exaltant les expressions des personnages et créant un univers malaisant, immerge totalement. Comme à son habitude l’artiste, exprime la folie de son personnage par ses inspirations horrifiques qui hypnotisent le lecteur.

D’une grande noirceur, La déchéance d’un homme captive, interroge, dérange.

Adaptant le roman de Osamu Dazai, Junji Itô captive et dérange le lecteur grâce à un univers sombre et malsain que son dessin sublime, une nouvelle fois !