Après l’excellent Search & Destroy, Atsushi Kaneko est de retour avec Evol, nouvelle série éditée par Delcourt Tonkam. Mangaka sans doute le plus proche de l’esprit comicbook, l’auteur livre une vision des êtres dotés de pouvoirs à travers un nouveau récit plus épuré qu’à l’habitude.
Deux jeunes filles et un garçon sur le point de se suicider ratent leur tentative et se retrouvent dotés d’étonnants pouvoirs. Etrange, dans ce monde où les pouvoirs se transmettent normalement de façon héréditaire et font de ces individus des héros censés faire régner la justice…
Un monde cruel et corrompu
Atsushi Kaneko plonge le lecteur dans un monde cruel et corrompu où malgré la présence de ces soi-disant héros, le mal sévit toujours fortement. Conduit par des dirigeants pourris soutenus par ces héros qui font régner une justice qui ne vise pas forcément à rendre le monde meilleur, l’univers imaginé par l’auteur est sale et violent.
Des adolescents révoltés et traumatisés
A ces héros peu nobles, Astushi Kaneko oppose les trois jeunes adolescents qui ont bien souffert dans leur jeune vie. Leurs trajectoires sont troubles et étranges puisqu’ils étaient dans la même classe sans en avoir de souvenirs et ont tous des contextes familiaux des plus rudes. Révoltés et traumatisés, ils vont décider de changer les choses. S’en suit le questionnement de l’auteur sur le concept de héros et l’impact de telles figures « héroïques » sur les gens.
Un ensemble épuré
S’il construit, comme souvent, son récit de façon non chronologique, Atsushi Kaneko livre une trame plus épurée par rapport à ses précédentes créations et beaucoup moins lynchienne qu’à l’accoutumée. Il en ressort une belle fluidité narrative appréciable. Côté dessin, on retrouve la patte Kaneko avec ce noir & blanc très travaillé et ces compositions léchées. Et là aussi, l’artiste allège ses planches et gagne en lisibilité.
Une édition qui fait débat
L’édition en format agrandi et à la couverture cartonnée a fait débat en raison de l’augmentation du prix initialement annoncé qu’elle a engendrée. Si l’on peut comprendre la volonté de mettre en valeur les planches de l’artiste, on reste dubitatif sur la nécessité de proposer une couverture cartonnée qui automatiquement a gonflé le prix, au risque d’empêcher certains lecteurs de suivre une série toujours en cours en VO.
Atsushi Kaneko revient avec une série singulière et palpitante autour des héros, proposée dans un format cartonné qu’on pourra trouver superflu.