Delcourt nous a permis de découvrir le chef d’œuvre Stary Bullets de David Lapham ! L’éditeur propose désormais un nouveau titre de l’artiste – accompagné de sa femme Maria Lapham – avec Lodger, récit noir, très noir.
Dans cette mini-série en 5 parties, le lecteur suit Ricky Toledo, une jeune fille de 15 ans tombée amoureuse de Dante, un homme venu louer une chambre dans la maison familiale. Après s’être débarrassé de sa mère et avoir envoyé son père en prison, l’individu s’est fait la malle. Trois ans plus tard, Ricky s’est lancée dans une quête de vengeance sur les routes américaines à la poursuite du malfrat.
Noir, c’est noir
Comme dans Stray Bullets, la noirceur est de mise avec une ambiance et des événements très sombres, incarnés par des personnages au background chargé qu’ils soient victimes ou malfaisants. Dante, l’assassin psychopathe, est un fin manipulateur sans pitié aux méthodes cruelles tandis que la famille de Ricky est un foyer en décomposition marqué par un accident de la vie et l’alcool. Les terres arides de l’Arizona où l’Apocalypse des insectes semble s’inviter en marge de la violence quotidienne, ajoutent à cette atmosphère oppressante.
Transmutation
La noirceur se base également sur l’évolution de Ricky que décrivent les auteurs. La jeune femme voit son destin basculer avec cette rencontre maléfique qui va la faire passer d’une jeune adolescente légèrement candide à une furie vengeresse et calculatrice, prête à tout pour assouvir sa vengeance. Entre course-poursuite avec Dante et cavale avec les autorités, sa trajectoire est semée des cadavres des victimes de l’assassin et de ses propres victimes.
Une construction habile pas toujours aisée à suivre
Les Lapham construisent leur récit court et nerveux avec une structure en parallèle, en juxtaposant le déroulé d’un Blog dont l’auteur va se révéler petit à petit, et la course-poursuite des deux personnages. La construction non chronologique est subtile et permet de laisser planer beaucoup de choses dans l’esprit du lecteur, tout en se montrant toutefois par moments nébuleuse au point de le perdre un peu.
Un noir & blanc percutant
Le noir & blanc de David Lapham traduit parfaitement la noirceur du récit. En découpant ses planches en gaufriers, l’artiste rythme parfaitement l’histoire et rend les scènes, qu’elles soient violentes ou intimistes, très évocatrices. Pour contrer la difficulté à suivre ce puzzle non chronologique et les différents grimages de Dante, le dessinateur choisit de l’affubler d’un grain de beauté qui sert de guide pour le lecteur. Malin et efficace. L’artiste livre, au final, une sensationnelle partie graphique !
Récit court, nerveux et très sombre, Lodger narre autant une impitoyable et violente course-poursuite que le basculement d’une jeune adolescente ayant subi un traumatisme. Saisissant !