Pas toujours convaincante quant à la façon de mettre en forme son discours, Kelly Sue DeConnick trouve, avec Wonder Woman Historia, l’occasion de frapper cette fois-ci un grand coup ! L’autrice, porteuse de valeurs féministes, saisit l’opportunité de narrer la création des Amazones à travers un récit d’une richesse et d’une générosité incroyables !
Une réécriture habitée et épique !
L’asservissement et les maltraitances des hommes sur les femmes perdurent depuis plusieurs millénaires. Il temps que cela change ! Héra et les déesses du panthéon décident de changer les choses et se révoltent, créant les Amazones. Hyppolyte, une jeune veuve est missionnée pour faire disparaitre un jeune bébé car il est de sexe féminin. Renonçant à cette sombre tâche, Hippolyte s’enfuit, errant jusqu’à être rencontrer les Amazones qu’elle convainc de créer une septième tribu à la tête de laquelle elle est nommée.
Embrassant pleinement la mythologie grecque pour en proposer une réinterprétation intelligente et complexe, la scénariste livre un récit fort, épique et généreux, au propos féministe subtile. Au fil de ses trois épisodes qui narre la révolte et la formation des Amazones, avant la guerre contre les Dieux, Kelly Sue DeConnick aborde de nombreuses thématiques avec profondeur et justesse : l’émancipation, l’égalité, le courage, la justice, l’indépendance.
Passionnant et addictif
Dans son histoire d’une belle densité, l’autrice se montre didactique face à la richesse de l’univers évoqué tout en livrant un récit addictif et passionnant qui n’oublie pas d’être marquant, notamment à travers ses personnages humains, aux sentiments puissants. La révolte des femmes – déités ou non – installe une tension qui s’achève en guerre impitoyable d’où nait l’espoir pour l’avenir : Diana, dernière née des Amazones !
D’une beauté étincelante !
Wonder Woman Historia trouve une force supplémentaire dans sa partie graphique, d’une flamboyante beauté ! Chaque épisode est dessiné par un artiste d’exception à son meilleur : Phil Jimenez, Gene Ha et Nicola Scott ! Si les deux derniers livrent des prestations de haute volée en parvenant à mêler éblouissement et sentiments profondément humains dans des planches d’une force et d’une beauté assez rares, le premier cité propose un véritable récital ! Constitué essentiellement de tableaux s’étalant sur des double-pages, son travail est un ravissement complet, d’un niveau de détails stupéfiant et d’une précision diabolique. Se dégagent de ses pages une majesté et une générosité incomparables ! On n’oublie pas la poignée de coloristes venus orner ces planches de leurs teintes magiques et scintillantes ! Epoustouflant !
Kelly Sue DeConnick livre un récit fort, généreux, complexe et intelligent, qu’illustrent majestueusement trois artistes à leur sommet ! Magistral !