Avant d’étaler leur talent chez Valiant ou Marvel, les complices Colin Kelly et Jackson Lanzing ont collaboré avec Nathan Gooden et Vittorio Astone pour produire Zojaqan, un incroyable comic publié en VO chez Vault Comics et qui arrive dans nos contrées grâce à Komics Initiative.
Shannon se réveille sur une Terre hostile où le climat change brutalement et le danger rôde. Bien résolue à survivre, elle se décide à découvrir cette planète mais d’étranges phénomènes se produisent, instillant toujours plus de doutes dans son esprit.
Zojaqan est un comic passionnant à plus d’un titre. C’est en premier lieu une formidable aventure de Fantasy où s’affiche devant les yeux du lecteur un univers foisonnant et riche. Les paysages fabuleux où se cachent des créatures de toutes sortes, tantôt amicales, tantôt terrifiantes, sont le théâtre d’aventures sans cesse surprenantes où Shannon devra faire preuve de courage, de diplomatie, de force, d’empathie. Enchainant les rebondissements inattendus, le récit emporte le lecteur avec aisance dans des chemins singuliers.
Zojaqan est aussi politique dans ce qu’il décrit l’évolution aux fils des siècles d’une espèce qui passe par des périodes aussi lumineuses que sombres, avec ses symboles, ses divinités, ses croyances, ses espoirs, ses tentations despotiques et destructrices, ses errements, ses erreurs. Là aussi, observer cette évolution est stimulant !
Zojaqan est également le portrait saisissant d’un femme au croisement de sa vie. Traumatisé par un drame récent, Shannon va puiser au plus profond d’elle-même et de ses expériences passées pour trouver l’énergie et la force de se battre dans cet univers hostile et de tacher d’en tirer le meilleur. Elle va se découvrir elle-même, passant par une sorte de quête personnelle qui lui révèle des capacités insoupçonnées. De ce point de vue, l’écriture des auteurs est pleine de fureur et d’humanité.
Enfin, Zojaqan un formidable récit de Science-Fiction qui s’inspire dans la forme, comme le soulignent plusieurs clins d’œil dans le premier épisode, du roman Abattoir 5 de Kurt Vonnegut. Comme son alter ego littéraire Billy Pilgrim, Shannon fait d’imprévisibles et brutaux bonds dans le temps, aussi bien dans le passé où elle revit des scènes avec ses proches qui l’inspirent ou dans le futur où elle assiste et participe à l’évolution des créatures rencontrées.
Zojaqan bénéficie de l’époustouflant travail graphique de Nathan Gooden et Vittorio Astone. Le premier régale en VO sur Barbaric ou The Rush, quand le deuxième a ébloui avec ses lumineuses couleurs sur These Savage Shores, réalisé en compagnie de Ram V et Sumit Kumar. Le duo épate totalement sur Zojaqan. Le dessinateur américain produit des planches d’une richesse incroyable, en terme de décors ou de designs de personnages. L’univers foisonne de superbes idées graphiques. Il soigne également ses compositions de pages, proposant quelques doubles pages splendides ! Le coloriste italien livre, de son côté, des couleurs magiques, traversées par une lumière éclatante ! Dans des teintes mauves et orangées, l’artiste crée une ambiance irréelle délectable !
Une partie graphique qui est un voyage à elle seule !
Récit d’une incroyable richesse, Zojaqan mêle aventures, Fantasy, Science-Fiction et portrait de femme dans un univers graphique qui vaut, à lui seul, la lecture ! Un comic singulier et stimulant !