Parmi les séries du prolifique James Tynion IV, Wynd possède une place particulière. Enfouie au plus profond de son auteur depuis son adolescence, cette historie de fantasy aborde des thèmes qui, à l’époque, touchaient particulièrement l’ado mal dans sa peau qu’il était. Muri au fil du temps, le récit n’a pris forme qu’avec la rencontre avec Michael Dialynas, lors d’un festival en Europe. L’univers a alors pris consistance pour devenir la série dont Urban Comics propose le premier tome dans la collection Urban Kids dont le gros format souple agréable pêche toutefois par la taille réduite de ses planches !
Wynd est un jeune garçon d’apparence ordinaire vivant à Pipetown. Mais coule dans ses veines la magie, strictement interdite et réprimée dans le royaume, que révèlent ses oreilles pointues qu’il ne doit en aucun cas laisser paraitre. Partagé entre son envie d’être un ado « normal » et de savoir d’où provient cette particularité, Wynd n’a d’autres choix que de fuir le royaume.
James Tynion IV et Michael Dialynas proposent un récit traitant de thèmes loin d’être inédits mais le font avec une telle force et une telle originalité que Wynd se transforme très vite en coup de cœur. Dès les premières pages, l’on comprend que le scénariste va prendre le temps d’installer ses personnages et son histoire. Au fil de longs et denses épisodes – dont les découpages VO et VF sont différents, entrainant des cliffhangers étranges dans la version Urban Kids -, l’univers se déploie entre quête initiatique visant à découvrir sa place dans ce monde hostile et univers de Fantasy tour à tour sombre et féérique.
James Tynion IV développe le thème de la différence de façon subtile en peaufinant la caractérisation de ses personnages. Autour de Wynd, ado au mal-être palpable, à la fois pourvu de la magie réprimée et en quête de ses préférences amoureuses, gravite une galerie d’individus bien croqués, aux personnalités bigarrées, qui révèlent des facettes inattendues. La solidarité des uns s’oppose à la cruauté et à l’égoïsme des autres mais chacun saura évoluer. Le récit de James Tynion IV se fait très enlevé, possédant beaucoup de rythme, malgré – comme d’habitude avec le scénariste américain – une quantité de dialogues conséquente, et les rebondissements fonctionnent particulièrement bien. L’histoire, alternant moments de vrai bonheur – accompagnés de dialogues piquants – et moments durs et tragiques, fait passer le lecteur par de nombreuses émotions.
Côté univers fantastique, la part essentielle revient à Michael Dialynas dont la patte graphique fait merveille, aussi bien en terme de création de designs et de décors que des couleurs utilisées. Ses personnages possèdent de vraies bouilles singulières et ses couleurs s’accaparent l’humeur de chaque scène avec facilité. L’univers des Feys bénéficie de teintes arc-en-ciel réjouissantes quand les égouts révèlent toute leur froideur. Une partie graphique riche qui séduira lecteurs de tous âges.
Wynd réalise la prouesse d’offrir un univers de fantasy original tout en traitant de thèmes universels avec finesse. A travers une partie graphique belle et riche et des personnages bien croqués, la série emporte les lecteurs de tous âges !