Animal Man – Volume 1 (VF)

Animal Man - Volume 1
Date de Sortie
20 mai 2022
Scénario
Grant Morrison
Dessin
Chas Truog, Tom Grummett
Couleurs
Tatjana Wood, Helen Vesik
Traduction
Jérémy Manesse
Editeur
Urban Comics
La note de ComicStories
10

Après la Doom Patrol comme galop d’essai, Urban Comics propose enfin le tant attendu run de Grant Morrison sur Animal Man, souvent considéré comme l’acte de naissance du scénariste !

En 1988, Grant Morrison est débauché par DC Comics pour s’occuper d’un personnage plutôt oublié des lecteurs : Animal Man. Dans la préface de ce premier volume, l’auteur explique qu’une commande de 4 épisodes lui avait été faite pour ensuite passer la main à un autre scénariste. Il restera finalement 26 épisodes ! S’inspirant de la très belle intégrale en deux volumes sortie en 2019 par DC Comics pour les 30 ans de la série, l’éditeur français propose un copieux volume contenant les épisodes #1 à #13, ainsi que le Secret Origins #39.

Buddy Baker possède le pouvoir d’acquérir les capacités des animaux qu’il approche mais n’en fait pas grand chose depuis de nombreuses années. Marié, deux enfants et vivant dans un pavillon de banlieue, il effectue quelques boulots de cascadeur mais se repose surtout sur sa femme écrivaine pour faire bouillir la marmite. Après avoir récupéré, en utilisant son pouvoir, le chat de sa voisine, Violet, perché dans un arbre, il annonce à sa femme souhaiter reprendre une activité de super-héros « à temps plein », après cette longue période d’inactivité. A peine a-t-il entamé son entrainement qu’il est rapidement contacté par un Docteur travaillant aux laboratoires STAR qui rencontre un étrange problème avec des singes.

Grant Morrison présente un Buddy Baker en banlieusard banal, sans emploi et sans grand charisme, l’exact opposé du super-héros habituel. Il lui octroie comme objectif la défense des animaux et lui trouve un ennemi en la personne de B’Wana Beast, un personnage, lui aussi oublié des lecteurs. Ayant rempli son contrat de 4 épisodes, DC lui demande de poursuivre la série. Il propose alors un épisode one-shot très original où un coyote anthropomorphe se fait écraser par un routier sur une route désertique. Pastiche de Bip Bip et le Coyotte où le lecteur est complice du scénariste, l’épisode constitue une sorte de petite révolution narrative.

Désormais, Grant Morrison a trouvé un ton idéal pour la série. Il réinvestit des personnages oubliés tel Red Mask qu’il décrit vieillissant, inefficace, à la limite du pathétique. Le scénariste fait se télescoper de façon improbable des univers décalés, offrant au passage une origine au personnage assez rocambolesque où interviennent des extra-terrestres tout droit sortis de l’âge d’or des comics. Il met également en scène le héros dans des aventures domestiques loin des stéréotypes du genre où il est question de sauver l’univers. Les idées géniales sont légion et les épisodes hilarants où le second degré domine, fréquents. L’humour omniprésent apporte une certaine décontraction à ces épisodes à la narration extrêmement fluide. En dépit des années passées, les histoires contées par Grant Morrison conserve une incroyable fraicheur et demeurent absolument réjouissantes.

Dans cette ambiance assez folle, le scénariste aborde des thèmes sérieux comme la cause animale, l’écologie ou le racisme avec toutefois une certaine naïveté, ce qui fait de la série un étrange croisement entre récit super-héroïque type années 60 et thèmes sociaux tout en possédant un véritable charme. Il aborde également des thèmes qui reviendront fréquemment dans son œuvre comme la place du héros.

Les dessins, pour l’essentiel réalisés par Chas Truog, bien qu’encrés dans leur époque, sont inventifs et emprunts de cet humour qui donne le ton à la série, dans des expressions ou des postures parodiques. Quelques hommages filtrent, notamment celui à Watchmen, dans l’introduction de l’épisode 7 avec ses taches de peinture rouge. Un travail parfait qui s’inscrit dans la direction voulue par Grant Morrison !

La série est également entrée dans la légende pour les sublimes couvertures de Brian Bolland dont on se régale encore aujourd’hui !

Considéré comme l’acte de naissance de Grant Morrison en tant que scénariste, Animal Man révèle un auteur hors du commun qui transforme un personnage oublié en héros décalé dans une série qui lui sert de laboratoire à idées géniales ! Incontournable ! 

10
Points forts
Un ton décalé et drôle
De nombreuses idées géniales
Les couvertures de Brian Bolland