Bloodshot U.S.A (VF – Bliss Comics)

On n’aurait pas oublié un éditeur français récent ? Valiant, mais surtout Bliss, commençaient à se faire rare sur le site depuis un bout de temps, mais détendez-vous, aujourd’hui c’est Bloodshot U.S.A. Attention, quelques spoilers se cachent dans la critique

Aux derniers rapports de mission, Ray Garrison était en perdition sur son radeau de fortune, naviguant dans le Pacifique avec pour (Bad) compagnie les derniers Bloodshot, humains et pas que. La bande de cinglés blafards s’était échappée d’une île, en tentant de fuir Deathmate (Bloodshot tome 4), nouvelle arme du Projet Rising Spirit réincarnée dans le cadavre de Kay McHenry, ancienne Géomancienne tuée par l’Ennemi Immortel (The Valiant). Mais alors que les troupiers pliaient bagages après cette traque, la conclusion laissait entrevoir un projet plus funeste encore : une Bloodshot invasion, lâchée dans les rues de New York. Les Bloodshot originels et l’équipe Unity feront donc tout pour purger les rues, alors que Magic et l’agent Festival s’attellent à démanteler le P.R.S.

Blooshot Reborn, c’est un peu une expérience à chaque tome, un style différent, sans oublier le squelette Valiant, forcément obligatoire mais léger et toujours pertinent. Après le thriller, le post apo « mad maxien » et donc un predator-like, Lemire choisit un genre bien en vogue, la pandémie zombie. Cela offre aux auteurs un vrai défouloir, tant narratif qu’artistique. Braithwaite, un habitué de l’éditeur, ne démérite jamais. Son trait doux juste crayonné (du moins c’est l’effet rendu) accorde un vrai décalage, la délicatesse du trait face à l’horreur affichée. Certaines planches sont très réussies, mais l’artiste n’atteint jamais les sommets artistiques d’un Lewis Larosa, divin sur le tome 3 au passage.  Avec ce thème très accrocheur et blockbuster, le rythme de lecture est déchaîné, les pages se tournent à une vitesse folle, le sentiment d’urgence bourdonne. Surtout que le premier numéro est d’une efficacité rare, tous les éléments accélérant vers une conclusion choc, le ton est donné d’entrée. Mais qui dit Lemire, dit forcément émotion, certains passages empruntent carrément au conte pour enfants, sans oublier le poids relationnel entre les deux personnages : un tour de force qui combine alors invasion zombie et imaginaire pour enfants. Ce retour en enfance confronte nos deux héros à leur figure des origines, un éternel recommencement. Une thématique plus qu’intéressante, surtout prise au milieu de la folie destructrice des numéros.

Mais la mini-série va aussi élaguer certaines questions pour la suite, notamment dans cet épisode Reborn #0 en forme d’épilogue synthétique mais plutôt vilain aux dessins (du moins ça ne m’a pas plu), qui revient sur toute la série depuis The Valiant : Magic et Ray semblent embrasser un élan familial, Kay fait office de Phoenix, alors que les différents Bloodshot sont mis à jour. Bien que ces petits ajustements dynamiques enrichissent un univers déjà solide, c’est le manque final de conséquences de cette invasion sur les différents intervenants qui empêche une véritable implication. Comprenez que sans ces épisodes épidémiques, la conclusion aurait pu être la même, à un point près. Le P.R.S est véritablement mis à mal avec ces numéros, sans pour autant disparaître totalement, d’autant que le plan initial est un habituel vu et revu. Dommage, d’autant qu’il serait peut-être temps d’en finir avec cet organisme paramilitaire, qui tient plus maintenant de l’Hydra version valiant, que de la véritable menace géopolitique.

Il serait dommage de se priver. Lemire choisit encore un genre différent, le titre se renouvelle vraiment tous les 4 mois, et continue de creuser Garrison, tout en étoffant doucement le reste du casting. Si ce volume conclut une tranche de vie, la promesse Last of Us du prochain volume est déjà très alléchante. Mais un manque de retombées lourdes et l’ignorance du cas Rising Spirit, ainsi qu’un dessin sans fulgurance, seront les uniques reproches à faire. Je recommande toujours Bloodshot, et le catalogue Bliss Comics. 

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